Harmakhis fait partie de ces étalons qui font rêver les juments. Car avouons-le : il est magnifique. Un corps fin et tendu comme un ressort, des muscles roulant sous la peau et sans cesse crispé, ce fin poil soyeux et aux couleurs de la neige nouvelle, ses crins entre le blanc et l'écru et puis ses yeux ... ses yeux-là sont noires et n'expriment jamais rien. C'est comme si l'étalon n'avait jamais aucun sentiment. Ce qui n'est pas totalement faux : il ne ressent presque plus rien. Chacun de ses sentiments se retrouve au fin fond de son cœur, incapable d'en ressortir. Il a grandi ainsi, obligé de cacher chacun de ses ressentis. Et maintenant, impossible de briser le mur qui s'est lentement construit autour de son jeune cœur. C'est une barrière infranchissable qui l'a emmuré. Il est seul à jamais avec lui-même. Harmakhis est un jeune étalon de quatre ans seulement, il a toute sa vie devant-lui. Il semble toujours ailleurs, comme un vieil ermite le serait. Il ne parle presque pas, sauf si il y en a besoin, jamais pour rien. Moins il parle, mieux il se porte. Sa vie est une énigme, comme lui ... Il semble cultivait autour de lui une aura de bien-être invisible et de réconfortement alors qu'une bulle le protège de la dureté du monde extérieur. Il est comme un poulain qui aurait grandi trop vite et qui serait devenue un vieux cheval sage. Ce qui en fait un étalon tout a fait désirable et charment, encore faut-il briser la glace.
(PS : avant j'étais Kisa ;p)